Hello berlingote emberlificotée à Berlin,
La reconnaissance au travail.
Si la lecture de ces mots ne provoque aucune sensation ou crispation à l’intérieur de toi, on se retrouve la semaine prochaine. Sinon, parlons de cette foutue reconnaissance qu’on cherche toutes et presque tous.
Tu sais que j’aime revenir à la définition du dictionnaire. Comme d’habitude notre pote Robert ne nous aide pas en proposant :
Reconnaissance : Action de reconnaître quelqu'un ou quelque chose
Donc, on regarde “reconnaitre”, et là, on a (je te résume) :
Juger quelqu'un,
Identifier quelqu'un
Accepter quelque chose,
Compter quelque chose à l'actif de quelqu'un
Enfin de quoi réfléchir un peu plus.
Juger ou évaluer : ça, on n’en a pas trop besoin, on sait super bien le faire nous même, mais c’est une première forme de reconnaissance. Celle de l’école, entre autre, pour laquelle nous sommes bien programmées et qui a comme super pote : le “regard des autres” (est-il bleu, vert, marron, gris ou noir ? On ne parle jamais de la couleur du regard des autres. De là à penser qu’il n’existe pas …)
Dans la définition, il y a aussi : être identifiée, donc vue, être acceptée pour ce qu’on est, être créditée pour ce qu’on a fait ; tous ces ingrédients contribuent à la reconnaissance. J’y reviendrai.
Je ne sais pas toi, mais j’ai toujours eu horriblement (adverbe un poil exagéré) besoin de reconnaissance. Je pense que ça fait partie du package “bonne cocotte”. Besoin d’être évaluée, qu’on me dise que c’est bien. Et, si ça ne vient pas, pousser le curseur au-delà de ce qui est raisonnable en termes d’investissement, d’énergie et d’abnégation. En gros, si mon besoin n’est pas nourri positivement (c’est bien ma cocotte), je le nourris négativement (fais-toi mal pour la peine), c’est déjà mieux que rien.
J’ai eu longtemps beaucoup de culpabilité d’avoir besoin de reconnaissance. Je voyais cela comme une faiblesse inexcusable. Et j’imaginais que les gens “forts” et successfull n’avaient pas besoin de cette reconnaissance pour avancer dans la vie. Héritage d’une éducation un chouille “marche ou crève”.
Et puis, en faisant des recherches sur un tout autre sujet, je suis tombée sur des articles relatant des expériences horribles du 18ᵉ siècle. Une époque bénie où mener des expériences sur des enfants était normal, voire nécessaire (pas leur faute, ils ne connaissaient pas Françoise Dolto).
Si tu ne connais pas l’expérience de Frédéric II de Prusse (un copain de Voltaire), je te raconte vite fait. Cet empereur, à qui on ne pouvait rien refuser, voulait connaitre la langue d’Adam et Eve. Il se demandait quelle langue parlerait des personnes qui n’en auraient apprise aucune. Il a mené l’expérience sur des bébés auxquels on prodiguait les soins nécessaires pour qu’ils soient nourris et propres, mais personne ne leur parlait. Résultat, ils sont tous morts (sympa pour commencer son jeudi matin, hein ?)
Depuis, d’autres personnes se sont intéressées au sujet avec des expériences un peu moins traumatisantes, mais qui arrivent aux mêmes conclusions. La reconnaissance est un besoin vital au même titre que le sommeil, l’eau ou l’air.
Donc, ce n’est pas une faiblesse d’en avoir besoin. OUF ! Je peux déjà m’alléger de cette culpabilité-là !
C’est bien, mais pas suffisant si tu n’en reçois pas. Allons voir ensemble comment on peut faire pour nourrir de façon positive notre besoin de reconnaissance. Puisqu’on a vu que, sinon, le risque est de le nourrir négativement et que ça finit mal (en général).
Il y a deux sources de reconnaissance :
1 - Interne (toi) : ce que tu te reconnais comme talents, qualités, compétences, les temps de célébration que tu t’accordes pour tes réussites petites ou grandes…
2 - Externe (les autres que toi) : les retours que te font les personnes autour de toi sur tes actions et tes réalisations. Sur les feedbacks au travail, j’ai un article sur le blog ici.
Tu peux déjà vérifier si tes deux sources fonctionnent et quel est ton niveau de satisfaction pour chacune (entre 0 et 10, mettons).
Si tu penses qu'une des deux sources (ou les 2) n’ont pas de flux suffisant (tu ne reçois pas assez de reconnaissance), tu vas pouvoir travailler à l’augmenter.
Comment améliorer le flux de reconnaissance ?
Tu peux jouer sur la quantité et/ou la qualité. À toi de voir ce qui est le plus facile pour toi. Je t’invite à utiliser les items de la définition du départ pour structurer ton taf “reconnaissance”.
Pour mémoire, il y a :
Juger - évaluer :
Interne : définir des indicateurs objectifs (factuels, chiffrés…) pour évaluer ce que tu fais et définir quand TA satisfaction est atteinte. ⭐⭐⭐
Externe : demander un retour argumenté à ton boss ou tes collègues sur des points précis de ton travail. ⭐⭐
Identifier - être vue
Interne : prendre un temps pour voir ce que tu as réalisé, l’écrire, rayer la ligne de ta to do, te le dire à haute voix. ⭐
Externe : se rendre visible en réunion en parlant de ce que tu as fait sans penser que c’est évident, normal et que tout le monde le sait… ⭐⭐
Accepter
Interne : t’accepter inconditionnellement ⭐⭐⭐⭐ ou commencer par voir les qualités que tu as et à quel moment elles te sont les plus utiles ⭐⭐
Externe : accepter que l’autre fonctionne différemment de toi et trouver le bon canal de communication pour qu’il réponde à tes attentes en termes de reconnaissance ⭐⭐
Créditer
Interne : prendre du temps pour relire tes réalisations et ancrer les compétences que tu as utilisées (imagine un générique de fin avec ton nom en face de chaque action) ⭐⭐
Externe : Arrêter de dire “de rien”, utiliser “je” au lieu de “on” quand c’est toi qui as tout fait ! ⭐
(le nombre d’⭐ correspond au niveau de difficulté selon ma jauge personnelle)
Voici quelques exemples, je te laisse créer ta propre liste et l’enrichir au fil du temps, tout en surveillant tes 2 jauges “reconnaissance”.
Tu peux, bien sûr, te servir de tous ces éléments pour savoir comment donner de la reconnaissance aux gens autour de toi. Mais, en général, d’après ma longue expérience de bonne cocotte, les personnes qui manquent de reconnaissance, ne sont pas avares pour en donner. Il est donc vraisemblable que ce ne soit pas là que tu aies besoin de mettre ton énergie !
Prends soin de toi et RECONNAIS-TOI ;)
Françoise
PS : si le sujet de la reconnaissance est chaud patate pour toi. N’hésite pas à répondre à ce mail. J’aimerais te poser quelques questions pour finaliser une offre d’accompagnement.
Tellement au centre de notre quotidien
J'aurais aimé lire ce carnet quelques années auparavant
Il n'est jamais trop tard pour l'appliquer