Hello frissonnante flâneuse en flanelle,
Il y a 4 ans presque jour pour jour, j’étais dans un TGV avec des collègues, de retour d’un CODIR.
Il y a 4 ans presque jour pour jour, j’ai décidé de quitter mon job salarié.
Ça me semblait une question de survie (ce qui, en vrai, n’est pas du tout une raison suffisante).
Je venais d’obtenir mon diplôme de coach. Mon activité se développait et mon CA avait l’espoir de ressembler à un salaire. Un jour.
Ce jour-là, entre Strasbourg et Reims, je me suis dit que c’était possible, et surtout, que c’était maintenant. Le fameux “bon” moment !
Quelques mois après, je partais. Je ne vais pas te refaire toute l’histoire (tu peux relire les 194 autres lettres, il y a tout dedans). Devenir entrepreneur est un super outil de développement personnel. Tu te confrontes à tout ce que tu avais gentiment remis sous le tapis depuis des années. Et aussi, tu découvres que tu assures dans des domaines où tu n’imaginais pas. Bref, je n’ai aucun regret d’avoir pris de ce TGV et décider de quitter le salariat (pas sûre qu’il y ait un lien de cause à effet entre les 2, mais bon).
Enfin, je n’AVAIS aucun regret jusqu’ici. Jusqu’à ces dernières nuits, en fait.
Depuis quelques semaines, je me prépare pour mon second ParcourSup ! Mon fils, le dessinateur (celui qui a fait les illustrations de mon livre), va passer son bac et partir vers d’autres horizons en septembre prochain.
Si tu es mère ou père d’un enfant qui a dépassé la première, je ne t’explique pas les joies de l’orientation post-bac. Si tes enfants sont plus jeunes, je ne t’explique pas non plus, tu as bien le temps de découvrir que les 40°C de fièvre dans la nuit du samedi à dimanche, c’était hyper gérable finalement.
Depuis septembre, nous visitons des salons de l’étudiant, rencontrons des écoles et avons dans notre barre de favoris l’Onisep, l’Etudiant, Studyrama et j’en passe. Nous commençons à avoir une super collec’ de tote bags et de plaquettes au nom de toutes les écoles d’art ou de design de la région !
Ça, c’est le côté à peu près sympa.
L’autre côté, ce sont les tarifs des écoles, le prix des loyers et en face mon CA. Même si je vis correctement de mon activité, je n’ai pas encore retrouvé mon niveau de salaire d’avant.
La culpabilité maternelle a ça de bien, c’est qu’elle l’emporte sur tout. Je ne joue pas aux cartes, mais j’imagine la carte joker qui flingue tout sur son passage. Face à elle, tout ce que j’ai réalisé depuis 4 ans disparait (surtout la nuit vers 2 ou 3 heures du mat’) et une petite voix (très aigüe) me serine : “t’aurais dû rester. Aujourd'hui, tu pourrais financer toutes les études de tes enfants. Égoïste va ! Tu vois où ça mène de ne penser qu’à toi.”
Ma raison sait argumenter. Dans la vie, ce n’est pas possible de tout avoir, qu’ils pourront s’en sortir sans faire une école hors de prix, que beaucoup de leurs copains n’y ont pas accès non plus. Que dans mes clients, beaucoup n’ont pas fait de grandes études et ont des carrières magnifiques.
Mais il reste cette petite voix. Cet hashtag “mauvaise mère” qui s’accroche.
Pourtant, cela fait 4 ans que j’ai pris cette décision, mais il ne semble pas y avoir de prescription pour les “mauvaises mères”.
L’équilibre entre nos choix personnels et ceux qui concernent nos enfants est très subtil. Je sais que sacrifier mon épanouissement professionnel ne garantit pas le bonheur de mes enfants. Je dis souvent à mes clients, que si maman (ou papa) va bien, les enfants vont bien. Les enfants apprennent plus de nos actions que de nos sacrifices (qu’en général, ils ne connaissent pas !)
Alors, comment gérer cette dichotomie entre nos aspirations personnelles et les préoccupations pour nos enfants ?
Je vais essayer cette recette :
Accepter : Accepter mes choix passés en reconnaissant qu'ils ont été faits avec les informations dont je disposais à ce moment-là. Évitez de me juger (durrrrrr ! ).
En parler : Être clair avec eux sur ce qui est possible ou pas. Partagez ouvertement les raisons derrière nos décisions. Les encourager à exprimer leurs propres aspirations et inquiétudes.
Plan d’action concret : En gros faire le business plan de leurs études. Délimiter réellement les montants acceptables et lister toutes les solutions qui sont envisageables. Bref, éliminer un maximum de flou pour calmer la #mauvaise mère et dégonfler l’enjeu.
Et puis en dernier recours faire du chantage affectif à ma mère !
J’essaie et je te redis 😉.
Prends soin de toi et aime-toi.
Françoise
Moi, je pense que ça doit être trés inspirant d'avoir une mère entrepreneure, qui a osé sortir d'une case où elle ne se sentait pas bien pour créer ses propres règles du jeu (et accessoirement, avoir du temps pour soutenir ses enfants dans ce passage délicat de l'enfance à l'âge adulte).
Je pense que ça ouvre l'esprit et le champ des possibles d'une manière qu'aucune école à XXXXX euros l'année ne peut l'ouvrir, parce que c'est du concret, c'est le modèle qu'on a eu sous les yeux, c'est possible dans notre lignée.