Hello anecdotique anémone anesthésiée,
(j’ai conscience que mon hello n’est pas très positif, mais il va bien avec ma photo ;)
Ne te cache pas derrière ton expertise ! Je te vois.
Je t’explique .
L’actualité met en lumière les seniors avec la réforme des retraites. C’est bien et pas bien. Bien, car on parle enfin des difficultés d’emploi des 50 ans et plus. Sans trop proposer de solutions, mais on en parle. Et rendre visible est le début de la prise en compte.
Pas bien, car on nous met dans une case comme si on était une seule chose, que la séniorité définissait ce que nous sommes. Tu sais à quel point j’ai horreur des cases (d’ailleurs, je les ouvre toutes d’un coup dans le calendrier de l’avent !).
On parle donc beaucoup de l’expertise, de l’employabilité des seniors et de leur copine, la formation continue.
Question apprentissage des seniors, j’ai lu des articles de neuroscientifiques sur leurs capacités cognitives. J’en ai parlé ici. Parce que j’avais l’impression que l’expérience pouvait être un frein à l’apprentissage. Et effectivement, cela donne un référentiel qui peut ralentir l'acquisition de connaissances totalement nouvelles, mais c’est aussi une richesse en termes de soft skills et de compréhension des situations. Simplement l’apprentissage se fait de façon différente à 50 ans qu’à 18.
Il semblerait que nous ne soyons pas complètement hors du coup et qu’apprendre soit possible à tout âge. Le truc que j’avais appris à l’école sur ton stock de neurones qui commence à dépérir passé tes 20 ans, c’est du bullshit ! (enfin, à l’époque où je l’ai appris, au XX° siècle, c’était la vérité scientifique du moment. Un peu comme les OGMs qui allaient sauver le monde, mais je m’égare.)
Donc physiologiquement, rien ne s’oppose à la nuit, rien ne justifie… ( je m’égare encore), rien ne s’oppose à ce qu’on se forme, à ce qu’on apprenne tout au long de sa vie pro.
C’est même une évidence. Objectivement, personne n’est contre.
Sauf qu’en vrai, ce n’est pas la même.
Si je prends mon cas : j’ai créé mon entreprise en nov 2017. Depuis j’ai appris des milliards de trucs. Et, j’ai adoré ça. Certains n’ont pas servi à grand-chose, d’autres m’ont bien fait galérer. Mais dans tous les cas, j’ai progressé, avancé et me suis adaptée. Et j’en parle chaque semaine ici depuis 3 ans 1/2 !
Je t’avoue qu’au départ, c’était plutôt une fuite d’une situation professionnelle sclérosée et sans espoir. Une façon de me sentir encore vivante.
Si je regarde les 10 années d’avant - 2007 2017 - il ne s’était quasi rien passé. Des formations obligatoires : gestes et postures, gestion du stress. Bof…
Il arrive un moment où tu es en maitrise de ton poste. Tu sais, tu es la référence, tu as l’expérience, l’expertise. C’est génial. Mais le risque, c’est de s’y enfermer. C’est de cocher ad vitam la case ☑ JE SAIS.
Plus on sait, plus on devient rigide et moins, il y a de place pour la nouveauté.
On reproche aux employeurs de ne plus proposer de formation au-delà d’un certain âge. Certes.
Mais avouez, que pour la plupart d’entre nous, on ne se bat pas non plus pour les demander.
Pour la majorité des seniors actuels, il y a toujours ce vieux modèle de carrière linéaire de nos parents qui traine dans un coin de notre cerveau : j’ai mon CDI, je progresse dans la hiérarchie, je suis reconnue dans mon poste et roule comme ça. Pente douce jusqu’à la retraite. Sauf que la donne a changé en cours de route. Et pas qu’un peu !
Quand on est une maman, c’est double peine. Car avant d’être “vieille”, il y a aussi toute la période enfants en bas âge où on galère avec les sorties d’écoles, les enfants malades et les activités. La charge mentale est telle que côté boulot, c’est pilotage automatique, voire temps partiel. Difficile de prendre du recul et de se projeter dans de nouveaux apprentissages. Il n’y a tout simplement pas de place. Et quand tu sors de cette période, tu as 45 balais et splash, 🏷 tu es étiquetée “senior”.
C’est un peu caricatural, mais c’est l’idée.
Moins tu apprends, moins tu as envie d’apprendre, et surtout, moins tu t’en sens capable.
Je l’entends chez les clientes qui viennent me voir et qui sont depuis longtemps dans la même structure : “est-ce que je suis capable de faire autre chose ?”.
OUI, un immense OUI.
Inversement, celles ou ceux qui ont changé plusieurs fois, s’inquiètent de leur manque d’expertise, sans voir leur aptitude au changement et leur adaptabilité.
Bref on aime bien douter de soi ;)
Mais se remettre en mode “padawan” fout la trouille. Ne te juge surtout pas pour ça, c’est normal.
Tu sais que je n’aime pas l’expression “sortir de sa zone de confort”. Ici, ce serait “sortir de sa zone de maitrise ou d’expertise” (ok, c'est quasi pareil 😉! )
Il y a un effort à fournir et un risque à prendre. Et je t’invite aujourd’hui à te demander ce que tu aurais envie d’apprendre. Et de le FAIRE !
Tu peux le faire seule : les ressources en lignes (MOOC par ex) sont nombreuses.
Tu peux le faire dans un cadre extra professionnel : reprendre une activité créative.
Tu peux le demander à ton entretien annuel ou, encore mieux, ne pas attendre et demander tout de suite.
J’allais programmer cette lettre quand je suis tombée sur cet article de Lætitia Vitaud pour Welcome to the Jungle (je suis fan), qui donne un éclairage ultra intéressant, sur la nécessité d’accepter une incompétence quasi permanente et d’entretenir un apprentissage continu.
Prends soin de toi et aime-toi.
Françoise